L’atelier de Jean Potvin se situe au coeur de la Haute-Ville de Québec. Il est le prolongement de son appartement. Il mesure environ 10’ x 12’ pieds (3,05 x 3,65 m). C’est un espace qui est suffisamment spacieux pour ses besoins. «Je n’ai pas l’intention d’agrandir mon atelier, c’est très suffisant depuis des années, pour les différents travaux de peinture, sculpture et autres occupations auxquelles je m’adonne.» Parmi lesquelles, il faut mentionner le dessin, puisque l’artiste est dessinateur industriel, la peinture tous supports, le bricolage en tout genre, le travail de vitrail, la sculpture, etc. Jean Potvin est un artiste plasticien qui s’intéresse à tout.

«Mon environnement de travail n’influence pas mon travail artistique. À mes débuts, en 1972, je n’avais pas d’atelier, mais simplement un coin dans la salle à dîner pour mon chevalet et ma chaise. Et, pourtant, j’étais alors aussi productif qu’avec mon atelier actuel, confortable, dédié principalement à la peinture et mes autres activités.» L’atelier ne fait donc pas l’artiste, en ce qui concerne cet homme, qui a longtemps été très engagé dans la vie culturelle et artistique de sa ville. Aujourd’hui, son engagement se retrouve au coeur de son travail pictural qui traite de sujets d’actualité qui ne laissent personne indifférent.

Dans son atelier, l’artiste travaille à la lumière naturelle tout autant qu’artificielle. «Cela dépend des heures.» La lumière naturelle est excellente dans son atelier, mais selon l’heure du jour, la lumière artificielle est aussi nécessaire. «J’aime un éclairage intense pour les détails fréquents dans mes tableaux.»  L’artiste avoue que la luminosité, naturelle ou non, n’a aucune incidence sur ses couleurs. «Mon atelier répond à tous mes besoins depuis de nombreuses années quel que soit le format de tableaux que je décide de créer.» L’espace en atelier n’a pas non plus d’incidence directe sur sa production. «J’ai suffisamment d’espace, de tables de travail, de chevalets, de matériel et d’outils pour tout type de peinture ou de travaux d’artisanat pouvant me venir à l’esprit.» Il trouve son bonheur dans le travail manuel et dans les arts plastiques dans cette pièce qui est un lieu secret. «Il est surtout discret. C’est un lieu de silence, un lieu intime, un refuge, un lieu rempli de musique, mais aucunement un lieu de rencontres.» Dans son atelier, on y trouve un ordinateur, un système de son et des outils de travail, autant pour la peinture que pour les travaux manuels. «C’est notre refuge confortable, autant pour mon chat Max que pour moi, et peu de gens y pénètrent.»

Le temps consacré à sa production est très variable selon les saisons. «Je dirais entre 40 et 80 heures par mois selon la saison, depuis plus de 50 ans cette année (en 2023).» L’artiste a d’autres activités qui le tiennent occupé. «J’ai des activités régulières telles que: le sport, le cinéma, la lecture, la télévision, le magasinage, la marche, la rencontre entre amis, etc.» Pour Jean Potvin, les activités sociales ont une grande importance pour son équilibre intérieure, tout comme le fait de rester actif physiquement. «Il n’y a pas que la peinture qui est nécessaire dans la vie normale d’un artiste. Des activités diverses et une vie sociale active sont aussi très importantes pour conserver un équilibre.» Même si peindre est vital pour lui, les idées et les sujets lui viennent à tout moment pendant l’année, mais s’il fallait dire quelle est la saison la plus propice à la créativité, l’artiste penche en faveur de la saison froide. «Je considère que l’hiver est la saison la plus productive pour moi car je consacre un plus grand nombre d’heures à la peinture.»

L’artiste n’a aucun rituel ou cérémonial particulier avant de peindre. «Mon atelier est un prolongement de mon appartement, alors ce n’est pas comme si mon atelier était à l’extérieur. Dès que j’ai envie de peindre, ou qu’une idée de dessin me vient, je peux y accéder le temps qu’il faut, que ce soit le jour ou, parfois même, très tard le soir, pour ébaucher un nouveau travail ou compléter un tableau.» En entrant dans son atelier, il a toujours un bon vieux tablier de jeans, qui n’a rien de symbolique à ses yeux, mais qui a son utilité. «Je l’utilise depuis de nombreuses années. Il est décoré de traces de peinture de toutes les couleurs.»

Et pour ce qui est de peindre ailleurs ? «Je peux peindre ailleurs que dans mon atelier, et je l’ai souvent fait, particulièrement lors de symposiums.» Cela lui importe peu de peindre ailleurs que chez lui, en autant d’avoir l’équipement approprié qui puisse être transportable. «Pour un symposium, par exemple, j’ai un bon chevalet-coffre ajustable, un siège pliable solide et confortable, un parasol démontable et un sac à dos contenant breuvage, nourriture, ainsi que quelques outils de dépannage légers et utiles.» Bien qu’il puisse peindre en extérieur ou en intérieur lors de symposium, lors de rencontres artistiques, Jean Potvin se sent quand même plus confortable dans l’intimité de son atelier. «J’aime particulièrement travailler dans mon endroit personnel. Je préfère être seul pour la concentration dans le travail.  Je ne dois pas être le seul à constater que les idées et la création sont plus intenses dans le travail en solitaire.» Ceci dit, l’artiste est tout de même à l’aise avec un public autour de lui, quand cela est nécessaire. «J’ai participé à de nombreux symposiums sans problème. J’aime aussi partager et échanger avec les autres participants et le public. J’ai été membre et/ou président et vice-président de deux sociétés artistiques, durant de nombreuses années, et j’organisais des symposiums auxquels je participais avec plaisir.» Contrairement à d’autres artistes peintres, Jean Potvin n’a cependant pas jugé utile d’ouvrir son atelier au grand public. «Pour moi, l’important, ce n’est pas que les gens voient l’atelier, ou ce qui se passe dans l’atelier, c’est surtout ce qui en sort. A titre d’exemple, j’ai déjà participé à des jours d’activités dits «les ateliers ouverts», il y a quelques années, à Québec. J’ai alors constaté – et mes amis artistes aussi – que c’était surtout des «fouineurs» qui visitaient les ateliers et peu de réels amateurs ou de vrais acheteurs.»  Même si, techniquement, la visite de l’atelier est possible sur rendez-vous, il n’en demeure pas moins que l’atelier est privé. C’est un lieu où bien peu de gens ont eu la chance d’entrer.

« Peindre c’est penser avec son pinceau » – Paul Cézanne

«J’aime beaucoup une citation de Paul Cézanne. Celle-ci serait susceptible de me représenter. Il disait : «Peindre, c’est penser avec son pinceau». C’est simple et ça dit tout ce qu’est la peinture pour un artiste qui peint le «réalisme» car, pour moi, l’art ou l’artiste ne doit pas chercher à idéaliser ou à embellir le réel, mais à exprimer tout simplement d’une manière personnelle la réalité telle qu’elle se présente.»

Jean Potvin peint régulièrement depuis 1972. C’est un artiste professionnel multidisciplinaire. Il a exposé dans des galeries et dans divers endroits publics. Il a fait bon nombre d’expositions personnelles et collectives. «Dans le domaine des arts toutes les possibilités de montrer son travail sont très importantes. Actuellement l’Internet, l’atelier, la galerie, l’exposition, le bouche à oreille sont d’une grande importance et sont non négligeables. À chaque artiste de choisir ce qui lui convient le mieux pour promouvoir son art.»

Dans le cas de Jean Potvin, ce qui importe, c’est avant tout le travail et non le lieu où il a été créé.

SUR INTERNET
www.artzoom.org/jeanpotvin