ENTREVUE

Entrevue réalisée par HeleneCaroline Fournier, experte en art et théoricienne de l’art, pour le compte du CIAAZ, avec Marie-Françoise Sztuka, artiste de Vence (France), ce 14 juillet 2017.

 

09-33p

Pont de Londresp

ENTREVUE AVEC MARIE-FRANÇOISE SZTUKA

ArtZoom : Est-ce que vous pensez que l’art visuel est en perpétuelle évolution? Avec votre expérience, avec ce que vous avez vu, vécu et/ou entendu, en tant qu’artiste, pensez-vous que l’art visuel restera «traditionnel» ou si vous pensez que l’art visuel penchera de plus en plus avec la technologie? Jusqu’où ira la présence technologique dans l’art? Jusqu’où pourrait-on dire «ceci reste de l’art»? Y aura-t-il un moment où l’art sera dénaturé au profit de la performance informatique, selon vous?

Marie-Françoise Sztuka : Oui je pense que l’art visuel est en perpétuelle évolution. Il est difficile de prédire jusqu’où ira l’évolution technologique. On utilise de plus en plus l’informatique. Mais je pense que cette évolution sera en dent de scie car certains artistes sont heureux de retrouver leurs crayons et leurs pinceaux. Cette évolution se fera aussi en fonction de la demande du spectateur. Il est difficile de dire « ceci reste de l’art » car il y a parfois chez l’artiste un besoin de provocation.

ArtZoom : On dit souvent que les artistes sont des êtres solitaires, qu’ils sont «seuls», que ce sont des individus «différents des autres», êtes-vous de cet avis? Vous sentez-vous seul(e)? Êtes-vous fondamentalement solitaire? Ou avez-vous besoin de vous entourer de gens pour créer?

Marie-Françoise Sztuka : Je ne suis pas du tout solitaire. J’ai un besoin de contact avec les autres. Mes nombreux voyages m’ont permis des rencontres extraordinaires alors que je faisais quelques croquis. J’ai toujours avec moi un sac (format A4 pour les carnets de croquis) et un crayon. Je fais quelques photos mais je me pose aussi dans un petit coin et j’observe le monde qui m’entoure. Certains de mes croquis avec des personnages se retrouvent sur mes toiles que j’appelle « abstraites ». J’aime aussi être seule dans mon atelier, c’est aussi une sorte de « gestation ».

ArtZoom : Quelle est votre source d’inspiration? Et que faites-vous pour conserver votre motivation à créer?

Marie-Françoise Sztuka : Tout est pour moi source d’inspiration, des personnages, un coin de ciel avec nuages ou un reflet dans l’eau. J’aime la couleur.

ArtZoom : Est-ce que votre famille a été solidaire de votre décision de « devenir » artiste ou si elle vous a découragé en disant que c’était difficile d’en vivre? Comment s’est fait cette décision de devenir artiste professionnel(le)? Quelle a été la réaction de votre famille à l’époque? Quelle est la réaction de votre famille aujourd’hui?

Marie-Françoise Sztuka : J’ai un parcours atypique. J’ai été médecin pendant plus de 30 ans et cela a été mon désir le plus cher. Mais j’ai toujours pratiqué le dessin, la peinture (prix de peinture de revue La Semaine de Suzette à 11 ans). La vie professionnelle très active a mis en veilleuse le désir de peindre. Puis souhaitant un peu « lever le pied » en fin de carrière, je me suis remise à la peinture grâce à la rencontre avec certains artistes : Brett Rhodes-Neal à Vence et Rogine Doré à Durtal. Étant retraitée j’ai la joie de pratiquer à temps plein la peinture. J’ai de nombreuses opportunités d’expositions personnelles ou avec des groupes. Je suis très soutenue par mon entourage.

ArtZoom : A quel moment vous êtes-vous intéressé(e) à l’art? Lorsque vous étiez enfant ou une fois adulte?

Marie-Françoise Sztuka : Au lycée à Nancy quand j’avais 11 ans j’ai découvert l’histoire de l’art et le peinture. Mon professeur de dessin était aussi professeur aux eaux Arts de Nancy. C’était une passionnée : Jacqueline Gauthier.

ArtZoom : Quels ont été les obstacles majeurs que vous avez rencontrés au cours de votre carrière? Pensez-vous que tous les artistes passent par les mêmes obstacles? Ou si vous pensez que chaque artiste a ses « propres » obstacles?

Marie-Françoise Sztuka : Je n’ai pas rencontré d’obstacles majeurs au cours de ma carrière d’artiste. Mais comme je l’ai dit précédemment, c’est ma deuxième activité, ce qui me donne beaucoup de liberté.

ArtZoom : Quel est le souvenir le plus heureux de l’une de vos expositions gardez-vous en souvenir? Quel serait le souvenir le plus malheureux?

Marie-Françoise Sztuka : Je n’ai aucun souvenir malheureux. Peindre est pour moi une joie permanente. J’ai le souvenir d’une joie intense quand lors d’une dernière exposition personnelle à Virton, j’ai réuni 35 personnes, les adultes descendants d’un ancêtre avocat pratiquant la sculpture sur bois, leurs conjoints ainsi que leurs enfants. Le titre de l’exposition était « XY & Co », un reste de mes souvenirs en génétique.

ArtZoom : Qu’est ce qu’il faudrait améliorer dans le domaine des arts visuels, au niveau professionnel, selon vous pour améliorer la qualité de vie des artistes professionnels?

Marie-Françoise Sztuka : Il m’est difficile de donner un avis pour améliorer les arts visuels. Il faut un grand soutien médiatique et surtout être présent dans de nombreuses expositions.

ArtZoom : Si vous aviez un conseil à donner à un(e) jeune artiste qui désire se lancer dans le domaine, quel conseil lui donneriez-vous?

Marie-Françoise Sztuka : Difficile de donner des conseils du fait de mon parcours atypique qui m’a donné beaucoup de liberté. Un jeune artiste qui désire se lancer dans ce domaine ne doit pas baisser les bras. Mais il y a parfois des besoins financiers et familiaux qui priment sur le désir d’être un artiste.

ArtZoom :Pensez-vous que l’artiste contemporain doit obligatoirement exposer dans un autre pays pour obtenir une reconnaissance professionnelle dans son propre pays? L’adage « nul n’est prophète en son pays » est-il vrai, selon vous?

Marie-Françoise Sztuka : Je suis tout à fait d’accord avec l’adage « nul n’est prophète en son pays ». Au cours de mes nombreuses expositions en Lorraine, Belgique, Luxembourg et sud de la France, mes références à ArtZoom au Canada ont toujours été un plus. Dans le sud de la France j’ai même rencontré des Québécois qui connaissaient des artistes d’ArtZoom rencontrés lors d’expositions au Canada.